Édulcorants : attention, poison ?

Présents en masse dans nos aliments, les édulcorants ne sont pas sans danger pour la santé. Pire, ils pourraient même contribuer à favoriser l’apparition de pathologies cardiovasculaires ; contre lesquelles ils sont, en remplaçant le sucre, supposés lutter. Cerise sur le gâteau (sans sucre) : le Nutriscore fait l’impasse sur la présence d’édulcorants dans les aliments. Ce qui rend l’interprétation du logo apposé sur de plus en plus de produits particulièrement délicate.

Obésité, diabète, hypertension, cancers, caries… : le sucre – ou plutôt l’excès de sucre – est mauvais pour la santé, c’est entendu. Mais qu’en est-il des fameux édulcorants ? Ces additifs qui, sous prétexte de préserver notre organisme des méfaits du sucre, remplacent de plus en plus massivement ce dernier dans quantité d’aliments ? Des sodas aux gâteaux en passant par les substituts de repas ou les chewing-gums, plus ou moins « light » ou « allégés ». Et qu’entend-on, tout d’abord, par édulcorant ? Sont désignés sous cette appellation générique tout un ensemble d’additifs variés :

  • Le sorbitol (E420) ;
  • L’aspartame (E951) ;
  • Ou encore le mannitol (E421).

Des « faux sucres » omniprésents dans nos aliments mais dont l’innocuité – ou la nocivité – n’est pas toujours démontrée pour le consommateur.

Les édulcorants favorisent certaines maladies, c’est prouvé

Menée par des chercheurs français, une récente étude vient remettre l’église au milieu du village. Conduite entre 2009 et 2021 sur plus de 100 000 personnes, cette vaste étude dont les résultats ont été publiés dans The British Medical Journal démontre que, loin de combattre les maux auxquels elle répond supposément, la consommation d’édulcorants favorise, au contraire, des risques de développer certaines maladies cardiovasculaires. Ainsi, selon ses auteurs, « les résultats de cette étude de cohorte prospective à grande échelle suggèrent une association directe potentielle entre une consommation plus élevée d’édulcorants artificiels (en particulier l’aspartame, l’acésulfame de potassium et le sucralose) et un risque accru de maladie cardiovasculaire »

édulcorants

En pensant préserver sa santé des ravages du « vrai » sucre, reporter son choix sur les « faux sucres » ne ferait donc qu’aggraver le problème. D’autant plus insidieusement que, relèvent toujours les auteurs de l’étude en question. « Les édulcorants artificiels sont présents dans des milliers de marques d’aliments et de boissons dans le monde entier ». Ceux-ci demeurent donc « un sujet controversé et sont actuellement réévalués par l’Autorité européenne de sécurité des aliments ; l’Organisation mondiale de la santé et d’autres agences sanitaires », concluent les chercheurs français à l’origine de cette nouvelle étude. Rien de nouveau, cependant : en 2018 déjà, une revue scientifique portant sur plus de quarante études et méta-analyses avait conclu que la consommation d’édulcorants artificiels avait un lien avec certains dysfonctionnements métaboliques comme l’obésité, le diabète de type 2 ou l’intolérance au glucose.

L’effet pervers du Nutriscore

Si les édulcorants ne sont donc, en rien, bons pour la santé, que font-ils dans nos aliments ? Pire : pourquoi certains systèmes d’étiquetage alimentaire font-ils totalement l’impasse sur la présence des additifs dans les produits dont ils prétendent évaluer la qualité ? C’est le cas, éloquent, du fameux Nutriscore, ce logo qui apparaît sur de plus en plus de produits du quotidien. L’algorithme prend ainsi en considération la teneur en éléments :

  • À favoriser (fruits et légumes, légumineuses, protéines, « bonnes huiles », fibres, etc.) ;
  • Ou à éviter (calories, sucres, sel, acides gras saturés, etc.) ;
  • Mais il ne dit rien sur la présence, dans les produits évalués, d’éventuels édulcorants et autres produits de synthèse.

Une omission qui, pour être volontaire, n’en est pas moins incompréhensible. Car c’est bien cette faille dans laquelle s’engouffrent les industriels de la malbouffe et qui leur permet d’améliorer leur Nutriscore en remplaçant, dans leurs boissons ou leurs plats hyper-transformés, le sucre par des édulcorants de synthèse – c’est ainsi que certains sodas light ou pizzas surgelées sont mieux notés qu’un jus d’orange 100% fruit ou que de l’huile d’olive vierge, bio et AOP.

Dans l’attente d’un meilleur système de notation, mieux vaut donc, par sécurité, continuer de se référer à la liste d’ingrédients présente sur les emballages ; quitte à plisser les yeux ou à se racheter une paire de lunettes.